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18 mars 2013 1 18 /03 /mars /2013 10:19

Mot-a-monde-2013.jpg   

Le concours estudiantin de traduction "Mot à monde" 2013 peut commencer, avec une épreuve locale à Iasi,  le 12 avril à 11 heures, et l'épreuve finale à Cluj le 27 avril !

Cette année encore le concours est doté de nombreux prix. La finale aura lieu à Cluj et les voyages seront offerts pour les finalistes.

 

Pour plus de renseignements et pour les démarches à suivre, merci de consulter le site : 

link

 

lien pour téléchatger la fiche d'inscription : http://motamonde.ro/le-concours/sinscrire/

 

 

Vous trouverez directement ci-dessous le texte à traduire, extrait du roman de Geneviève Damas « Si tu passes la rivière ».

A vos claviers !


Extrait de « Si tu passes la rivière » de Geneviève Damas. Editions Luce Wilquin.

Pages 56-58.

Il faisait plus froid, maintenant. Les cochons, je ne les sortais presque plus car avec la pluie et le vent, si eux ils tiennent encore, toi tu deviens bon pour le trou. Ça ne me fait trop rien, l’hiver, tu te retires dans le dedans de tout, et ce qui s’est passé durant les saisons d’avant continue à vivre dans ta caboche. Et tu n’as plus qu’à te coller des pulls et des pulls sur la peau pour te réchauffer le cœur.

L’hiver, j’avais mes tâches à faire, comme colmater les fenêtres de la maison, nettoyer les grandes pièces car à y vivre maintenant à l’intérieur, notre maison réclamait son savonnage comme tout un chacun, briquer les habits vu qu’en été on se tenait à moitié nus avec les frères, mais là, il fallait des couches, et aussi préparer les repas. La cuisine, ça avait été en gros le rôle de Maryse, et à présent il me plaisait bien, ce rôle-là, car depuis que j’étais en apprentissage chez mon Roger, le grand livre de cuisine de Maryse n’était plus un fantôme mais un objet qui pouvait devenir mon ami. Et il m’était même venu à l’idée que, pour le repas de Noël, quand j’aurais fini mon alphabet, je nous cuisinerais une dinde farcie comme elle nous la faisait, avant que la vie nous dégringole dessus.

J’avais recommencé à marcher dans le village. Je m’en allais  sur les chemins vers les cinq heures quand tu ne fais plus la différence entre le chien et le loup. A ces moments, tous étaient chez eux et je pouvais, sans me gêner, regarder à l’intérieur des maisons, voir comment les familles vivent quand ce sont de vraies familles, pas comme chez nous où on est sans cesse dans le silence car trop de nous ont disparu. J’étais sûr que je ne rencontrerais pas Amélie, car les femmes, la nuit qui tombe, ça leur fiche la trouille. Je prenais les trois routes, jamais la quatrième qui mène tu sais où car il me manquait encore trop de consonnes et je ne voulais pas prendre le risque de rater une nouvelle fois mon but.

La route que je prenais le mieux, c’était celle qui montait à droite de la colline, avec les fenêtres des maisons qui étaient sans fleurs à présent mais sentaient bon le soin, la présence et le dévouement, comme je l’avais appris dans le livre de Roger. Il y avait aussi un moment où cette route passait à travers rien, dans des arbustes et des cailloux. Parfois je m’y arrêtais, je m’asseyais et je craquais une allumette et quelques brindilles pour me chauffer les mains. Je ne pouvais pas me poser longtemps, car le repas devait être brûlant pour les sept heures, même si je me préparais de l’avance en accommodant les restes de la veille ou en me levant plus tôt que le coq. Parfois quand j’avais trop rêvé en haut de mon chemin, je me réveillais tout à coup et je courais à perdre haleine pour rejoindre chez nous où j’arrivais crotté et tout à fait mort.

C’était un mardi, ce jour-là, je m’en souviens, car la veille j’avais appris le « v » chez Roger et je pensais à tous les mots que cela me faisait à présent comme vélo, voiture, vitesse, vie et aussi venir, voir, toutes ces choses qui sont belles et bonnes et qui commencent par v. Je me sentais léger et heureux aussi de sentir que j’arrivais au bout de liste des consonnes, car après le « v », tu n’as plus que trois lettres puisque le « y », je le connaissais déjà. J’avais décidé de me poser entre deux arbustes quand j’ai entendu la voix de Roger. Ça m’a fait une joie au cœur car Roger, c’est mon ami, même s’il est raide comme un parapluie, qu’il sait tout mieux que moi, qu’il me prépare toujours la même soupe (carottes-choux) et qu’il passe ses journées dans sa maison d’enfer.

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